EDITORIAL N°04 - MARS 2014
Le printemps arrive inexorablement comme le dit Pablo Neruda. En attendant de partager des informations d’actualité sur l’hépatite E et les urgences hémorragiques lors de la journée du 8 avril prochain à l’Institut national de la transfusion sanguine (INTS), nous reviendrons quelques instants sur la journée du 15 janvier dernier. Cette journée de séminaire sur la sécurité transfusionnelle a réuni les principaux acteurs de la transfusion, du donneur au receveur.
Nous avons senti le désir de maillage entre tous ces acteurs : désir de l’Etablissement français du sang (EFS) de travailler encore plus avec les sociétés savantes ; désir de recentrer les débat à un niveau éthique et sociétal plus juste, plus dépassionné. Avouons que cette mission est au combien difficile après les années tragiques que connût le monde transfusionnel mais aussi et surtout une immense partie de la société française à travers les donneurs impliqués et les receveurs malades.
Comme le rappelait Monsieur F. Toujas, Président de l’EFS, la réflexion sur la sécurité transfusionnelle est compliquée en raison d’un passé tragique. Il rappelle que 6000 personnes se suicident chaque année, que le même nombre de personnes décèdent par accident de la route ; sans compter le nombre des décès par infection nosocomiale. Ces chiffres ne scandalisent personne mais, qu’un seul accident transfusionnel survienne, et la France entière frémit.
Souhaitons que la réorganisation de l’hémovigilance telle que nous la présente le Pr D. Maraninchi, Directeur de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, puisse répondre aux exigences sécuritaires tout en tenant compte des tensions éthiques essentiellement sociétales : principe de justice, d’équité.
Souhaitons que la « gestion » des donneurs ne se fasse pas seulement selon des règles comptables où il faudrait un certain nombre de PSL et de fait de dons pour « amortir » la coûteuse chaîne transfusionnelle. Souhaitons que l’évaluation du besoin du receveur ne se fasse pas aux dépends du respect du donneur. Souhaitons que le rapport bénéfice/risque soit là encore respecté dans nos démarches sécuritaires quitte à remettre en cause notre si « précieux » principe de précaution.
Plus que jamais dans ce domaine comme dans celui du soin, j’aurai tendance à privilégier une gouvernance selon des principes de manageriat participatif incluant largement les sociétés savantes surtout si elles intègrent dans leurs commissions des philosophes, soignants ou non, qui ont l’habitude d’introduire un peu de débat éthique dans toute prise de décision. Il va sans dire que nous ne devons pas rester franco-français mais travailler avec nos collègues à l’international, sous réserves qu’ils ne soient pas eux-mêmes engagés uniquement sous l’aspect de la seule logique comptable.
Vous trouverez prochainement sur le site de l’INTS les vidéos des interventions de cette riche journée.
Nous vous souhaitons une bonne visualisation, une bonne lecture de la revue de presse actualisée et un beau printemps !
Dominique Jaulmes